Devoir de Mémoire et Scoutisme
Par Guy Bordeleau des Compagnons d’une Terre à l’Autre.
Merci d’avoir fait paraître ces quelques images et texte sur la mise en terre des cendres du vétéran des Fusiliers Mont-Royal, monsieur Jean-Marie Leroy. Je profite de ce message pour saluer les membres de l’ANSFAC, amis avec qui j’entretiens une fraternité scoute depuis l’automne 2002 où je les informais de la venue de groupe des Compagnons d’une terre à l’autre prévue pour août 2004.
On me demande souvent pourquoi je me présente aux activités de commémorations avec mon uniforme scout. Est-ce un endroit opportun pour le porter me dit-on ? Il est vrai qu’on ne reconnaît pas la place de ceux qui ont un passé scout au sein des associations d’anciens combattants ou bien celles qui consacrent temps et énergies aux activités du Devoir de Mémoire. Je ne parle évidemment pas ici de l’ANSFAC qui a su combler ce vide et c’est tout à l’honneur de cette association. À l’opposé, les autorités du mouvement scout, tant ici au Canada qu’en Europe, sont toujours en porte-à-faux avec cette question à savoir si le scoutisme a vraiment sa place au sein des activités du Devoir de Mémoire.
Au cours des dernières années, j’ai vu les autorités militaires et civiles, ainsi qu’une multitude d’associations s’impliquant dans le Devoir de Mémoire, prendre part aux cérémonies en hommage à ceux qui ont combattu lors de la Seconde Guerre mondiale. Évidemment, ces cérémonies s’adressent aux régiments qui ont combattu, aux mouvements de résistance qui ont permis de tracer le chemin de la victoire par leurs activités du maquis, aux citoyens qui ont souffert sous l’occupation et des combats les menant à la libération mais on ne parle pas, ou très timidement, de la contribution des jeunes qui ont fait parti du scoutisme et qui, à leur façon, ont contribué à l’avènement de la Victoire en Europe ainsi que par le monde.
Qu’ils aient servi d’estafettes, de commissionnaires, de guides en montagnes et en rase campagnes, de spécialistes des communications, de bénévoles à la sécurité civile et en premiers soins, qu’ils aient contribué à la collecte de biens essentiels à la vie de tous les jours, à l’effort de guerre, ou même d’égayer la vie communautaire par leurs rires et leurs chants, les scouts ont été prêt à servir, à donner sans compter et à faire de leur mieux devant l’adversité malgré leurs faibles moyens. Telle est la devise et les principes qui les auront animés.
Aujourd’hui, les jeunes du mouvement scout sont bien loin de cette préoccupation de vouloir se souvenir de ce passé dont on entend pourtant encore les échos. Il est vrai que ce mouvement s’inscrit de nos jours dans un cadre où la paix, la solidarité et fraternité universelle, le souci de l’environnement et le partage équitable des ressources doivent être promus et fortement affirmés. La guerre n’est pour eux que le bête échec de la relation entre les Hommes mais, à bien y réfléchir, l’idéal d’un monde meilleur n’était-il pas également celui de tous ceux qui ont vécus le scoutisme depuis sa fondation en 1907 ? La réponse est évidemment oui et malgré cela, les guerres ont malgré tout continué à sévir un peu partout sur la planète et tant qu’il en sera ainsi, le scoutisme aura toujours sa place pour amener un peu d’humanité à travers tous ces antagonismes guerriers.
Maintenant, à la question à savoir si le scoutisme détient une place au sein des activités du Devoir de Mémoire, la réponse est pour moi de toute évidence positive. Du même souffle, doit-on se poser la question à savoir si je ne suis pas trop vieux pour porter l’uniforme scout et agir à titre d’ambassadeur du scoutisme lors de ces activités ? Peut-être bien et on me l’aura fait savoir à quelques reprises. Toutefois, tant que j’aurai la conviction que ma présence avec cet uniforme apportera une visibilité positive au mouvement scout et ne portera pas atteinte au décorum des activités de commémorations, vous serez témoin de ma fierté à le porter et me verrez toujours fidèle à mon engagement scout.
Salutations scoutes et distinguées depuis le Canada.